Apparu dans les années 80, le portage salarial est pendant longtemps resté
confidentiel jusqu’à ce que la Loi n°2008-596 du 25 juin 2008 portant
modernisation du marché du travail en définisse enfin le cadre juridique de
manière officielle. Depuis l’entrée en vigueur de cette loi dont les nombreuses
lacunes ont récemment été mises en évidence, la règlementation liée au portage n’a
jamais cessé d’évoluer. Dans les mois qui suivent, un nouveau texte de loi
devrait d’ailleurs apporter des bases beaucoup plus solides à cette relation de
travail triangulaire qui séduit chaque année entre trente et cinquante mille
salariés français.
Une reconnaissance juridique longuement attendue
Dès le milieu des années 2000, le portage salarial connaît un succès
retentissant et séduit de nombreux professionnels eu égard au taux d’emploi
relativement faible notamment. Pourtant, il faudra attendre le 25 juin 2008
pour que cette nouvelle forme d’emploi soit enfin introduite dans le droit
français grâce à la loi relative à la modernisation du marché du travail.
L’article « L. 1251-64 » définira ainsi le portage salarial comme
« un ensemble de relations contractuelles organisées entre une entreprise
de portage, une personne portée et des entreprises clientes comportant pour la
personne portée le régime du salariat et la rémunération de sa prestation chez
le client par l’entreprise de portage », ajoutant également que cette
forme de contrat tripartite « garantit les droits de la personne portée
sur son apport de clientèle ». Néanmoins, en dépit de cette reconnaissance
juridique longuement attendue, de nombreuses zones d’ombre persistent, donnant
ainsi lieu à un certain nombre de révisions.
2010 – 2013 : de nouvelles évolutions
Bien que la loi relative à la modernisation du travail ait largement
contribué à définir et règlementer le portage salarial, bon nombre de détails devaient
encore être peaufinés afin d’apporter un ensemble légal plus clair et cohérent.
C’est dans cette optique que l’organisation patronale du travail temporaire
(PRISME) et différents syndicats (CFTC, CFDT, CFTC, CFE-CGC et CGT) aboutissent
en juin 2010 à un accord ayant pour but d’organiser l’activité de portage
salarial. Celui-ci permet notamment d’apporter une meilleure définition au
concept de portage salarial, d’établir une rémunération minimale de 2 900 €
bruts mensuels et de déterminer aussi bien les obligations du porté que celle
de la société de portage.
Il faudra néanmoins attendre le 24 mai 2013 pour qu’un arrêté portant extension
de cet accord national professionnel soit émis par le ministère du travail et
de l’emploi, sachant que l’accord étendu ne devrait être appliqué qu’en 2015
pour les entreprises créées avant la loi de 2008. L’arrêté ministériel stipule
par ailleurs que les entreprises spécialisées dans l’activité de portage
salarial doivent garantir à l’ensemble de leurs portés un accompagnement
adéquat tout en s’assurant du bon déroulement de leur prestation chez le client
ayant recours à leurs services.
2015 : vers une nouvelle loi
Saisi en février 2014 par le Conseil d’Etat, le Conseil Constitutionnel
décide d’invalider le 11 avril suivant la disposition de la loi 2008 portant
modernisation du marché du travail selon laquelle il appartient aux partenaires
sociaux de fixer le régime juridique du portage salarial. Face à cette
décision, le gouvernement promet de revoir la législation de sorte à aboutir en
2015 à une nouvelle loi permettant de redéfinir l’activité de portage salarial
à la lumière des nombreuses évolutions survenues depuis la loi de 2008. Bien
qu’elle tarde à être édictée, cette nouvelle loi, perçue par les sociétés de
portage et les professionnels portés comme une véritable lueur d’espoir,
devrait permettre de rendre la règlementation beaucoup plus souple qu’elle ne
l’est actuellement.
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